Plateforme arméno-turque

Points de vues de Turquie, d'Arménie et de la Diaspora
Traduction intégrale en turc, arménien, anglais et français

 

Jour 11 - Le génocide blanc continue

 
 

 

14 jours à Diyarbakir - 14 photos d'Amed - 14 textes sur Tigranakert

Envoyé spécial de "Repair", MJM, journaliste français d'origine arménienne, a passé deux semaines dans l'actuelle capitale du sud-est anatolien, à Diyarbakir (Amed en kurde et Tigranakert en arménien) pour partir à la rencontre du passé, du présent et du futur des Arméniens qui étaient des milliers à peupler cette ville avant le Génocide de 1915. Au fur et à mesure de ses pérégrinations, MJM nous fait partager ses rencontres avec des lieux, des femmes, et des hommes dont l’histoire est liée, d’une façon ou d’une autre, avec les Arméniens.

Ce photoreportage date de mai 2013, certaines situations évoquées dans ces articles ont évoluées depuis.

Jour 11 - Le génocide blanc continue

Sourp Guiragos mise à part, il existe au moins deux autres églises arméniennes encore debout à Diyarbakir. Elles sont la propriété de l’Etat qui les a transformées en une sorte de centres d’apprentissages pour enfants, les vidant ainsi de leur identité arménienne. Sur la carte de la vieille ville que l’office du tourisme de la ville distribue, elles ne sont mentionnées que par l’appellation « church » (église) sans leur nom d’origine. Au contraire de Sourp Guiragos qui porte fièrement la mention officielle d’« église arménienne ». « Nous avons fait rénover Sourp Guiragos contrairement à l’État qui a fait des églises arméniennes des musées de tapis » lancera d’ailleurs Abdullah Demirbaş, le maire de la municipalité de Sur, lors de notre rencontre.

Sur la plaque de l’église arménienne protestante, il est inscrit noir sur blanc que les caractéristiques du bâtiment indiquent qu’il ne s’agit surtout pas d’une église arménienne (pourquoi donc le mentionner dans ce cas ?). A l’intérieur, on découvre que le lieu a été transformé en atelier de couture et que de très jeunes filles et d’autres moins jeunes confectionnent des foulards pour le mirifique salaire de 100 liras par mois (moins de 40 euros). Foulards qui seront bien sûr revendus dix fois plus chers sur les marchés de la ville ou ailleurs selon les ouvrières résignées. Il me semble qu’un mot existe pour ce genre de situation : exploitation.

Dans l’autre lieu de culte tout proche, c’est à peu près la même chose sauf qu’ici, difficile de cacher le caractère arménien des lieux qui ressemblent à un mini Sourp Guiragos et dont le magnifique chœur a été très endommagé, comme si on l’avait défoncé à coup de masse. Ce qui n’a pas l’air de déranger les enfants qui y travaillent  comme « apprentis ». Gravure pour les garçons et confection de tapis pour les filles, séparés physiquement par une cloison de fortune. Livrés à eux-mêmes, sans surveillance, ils discutent, s’amusent et se baladent dans l’église en piteux état. Dans le déambulatoire, un escalier caché mène à une petite pièce dont je ne saisis pas l’utilité tout de suite. En regardant en l’air, j’aperçois au loin le beffroi privé de sa cloche. Une corde devait permettre de la faire sonner exactement à l’endroit où je me trouve aujourd’hui. Mais contrairement à Sourp Guiragos, point de corde et encore moins de cloche ici. Un jour peut-être…

 

Journaliste et photographe freelance de 30 ans, MJM a travaillé pour divers journaux et magazines. Depuis quelques années, il développe également son regard à travers des reportages photo pour l’ONG "Yerkir Europe" en Arménie et en Turquie. Un aperçu de son travail est visible sur son site Internet, www.mjm-wordsandpics.com.

Newsletter

Inscrivez-vous pour recevoir notre newsletter

Partenaires du projet "Repair"

 

Twitter

Facebook