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"L'identité kurde est marquée par l'oppression et la résistance, le silence et le cri"

 
 
 

Point de vue de Turquie

"L'identité kurde est marquée par l'oppression et la résistance, le silence et le cri."

Irfan Aktan

 

 
Irfan Aktan

Journaliste

Selon le journaliste Irfan Aktan, l'identité kurde a été façonnée par le biais des résistances élaborées contre la négation de leur existence. Mais celle ci n'est pas finie, elle a simplement changé de forme. Lorsqu'elle sera terminée et qu'il y aura une normalisation, un débat mouvementé commencera à propos de l'identité kurde. Selon Aktan, les Kurdes, qui souhaitent "être de Turquie*" tout en se "Kurdistanisant", sont beaucoup plus prêts que les Turcs à faire face à leur passé. 

 

REPAIR : La négation de l'existence même des Kurdes par l'Etat turc a-t-elle façonné leur identité ? Peut-on dire qu'elle a été un facteur déterminant ?

Irfan Aktan : Je pense que oui. On peut dire que l'identité kurde s'est essentiellement façonnée par le biais des résistances élaborées contre la négation. Avant la République, et même pendant un certain temps après, l'existence de l'identité kurde n'est pas niée. La négation n'est qu'une pratique du modèle d'un Etat nation homogène découverte plus tard par la République turque. Une anecdote racontée dans le livre "Atatürk et le nationalisme" de Hikmet Tanyu, publié en 1961, résume bien, à mon avis, le commencement de la négation de l'identité kurde. Je peux vous lire l'anecdote.

Tanyu raconte ainsi « l'événement » : « Deux soldats du régiment de la garde républicaine étaient en train de faire une compétition de lutte dans la jardin du Palais présidentiel de Çankaya, les autres soldats les regardaient. Lorsqu'ils ont entendu le son des voitures qui arrivent, les soldats ont commencé à fuir en courant. Atatürk était arrivé au Palais. Le grand Atatürk a fait arrêter sa voiture et d'un signe de main, a appelé les soldats qui couraient. Un des soldats lutteurs, qui n'avait pas eu le temps de mettre sa chemise, se rapproche timidement d'Atatürk. "Qu'est-ce que vous faites ici ?" Un caporal répond : "Nous faisions de la lutte mon Pacha !". La réponse avait plu à Atatürk car il aimait beaucoup la lutte. "D'accord, continuez alors", a-t-il dit. Les soldats étant hésitants, Atatürk a insisté : "Faites de la lutte. Je vais vous suivre. Mais je veux d'abord savoir qui est le lutteur en chef". Le soldat, qui n'avait pu mettre sa chemise qu'à moitié, fait un pas en avant. "C'est moi Sir". "Comment tu t'appelles ?" "Mehmet le Kurde". A la prononciation du mot "kurde", Atatürk hausse ses sourcils, mais un instant plus tard, il continue à parler avec un visage souriant : "On t'appelle "Mehmet le Kurt" ("loup" en turc), parce que tu es fort comme un loup, n'est-ce pas ?". Mehmet le Kurde venait d'un village, il n'avait pas fait d'études, mais il a compris immédiatement ce que Atatürk voulait dire. "Oui, mon Pacha", a-t-il répondu. "Mon nom est Mehmet le Loup. Je me suis mal exprimé tout à l'heure". »

L'anecdote relatée par Hikmet Tanyu résume très bien les relations de l'Etat avec les Kurdes. Premièrement, l'Etat ne nie pas, ne peut nier son existence. Il existe une population, un territoire et une histoire kurdes tellement étendues qu'il est impossible de les nier. Mais d'autre part, l'accent mis sur le fait que Mehmet le Kurde soit paysan et qu'il n'a pas fait d'études, met en lumière la perception des Kurdes par l'Etat. Dès les premières années de la République, le fait que les Kurdes soient « des paysans ignorants » étaient un des piliers de la politique assimilationniste. On pensait qu'il était « facile de tromper ou d'intimider l'ignorant ». Mais on oubliait, ou on méprisait le titre de "lutteur en chef" de Mehmet le Kurde. Pour cette raison, les élites de la République ont eu l'illusion de pouvoir faire accepter la négation facilement aux Kurdes.

Après la révolte de Cheikh Saïd et le massacre de Dersim, l'Etat a cru avoir vaincu militairement les Kurdes. En effet, les politiques de négation, de menaces et de sanctions ont donné des fruits à court terme, les Kurdes restant silencieux et même se pliant pendant une longue période devant l'autorité de l'Etat. Mais cette situation n'a pas duré. Les Kurdes ont commencé à bouger petit à petit en premier lieu par le biais du populisme du Parti démocrate, ensuite à élever leur voix avec le Parti ouvrier de Turquie, et plus tard à se réorganiser, à faire accepter leur existence, à trouver des solutions à leurs problèmes par le biais des petites structures comme les Foyers révolutionnaires de culture de l'Est. Le regroupement des Kurdes dans différentes organisations à partir des années 1960 et le soutien idéologique partiel des mouvements socialistes en Turquie a donné naissance au déclenchement d'une nouvelle révolte. Les années 1980 peuvent être considérées comme la fin du silence de « Mehmet le Loup » et le début de sa transformation en « Mehmet le Kurde ».  L'identité kurde a ainsi une structure particulière, marquée en même temps par l'oppression et la résistance, le silence et le cri. On peut dire facilement que la négation a été, dans ce contexte historique, déterminante pour l'identité kurde.


Est-ce que la définition de l'identité a-t-elle changé avec la fin partielle de la négation ?

Je pense que le changement n'a pas été vécu avec la fin de la négation, mais avec la révolte des Kurdes. La négation n'est pas finie, elle a simplement changé de forme. Lorsqu'elle sera terminée, le fait d'être Kurde se normalisera et c'est uniquement à ce moment qu'on sera proche d'une solution. Je ne pense pas que nous sommes à un tel stade aujourd'hui. Le mouvement kurde pense de la même manière et c'est pour cette raison qu'il ne desserre pas sa position de lutte. Mais lorsqu'il y aura une normalisation, un débat mouvementé commencera à propos du contenu de l'identité kurde. Ce débat sera mené entre les Kurdes, particulièrement sur la base des classes sociales. Mais les Kurdes remettent, pour l'instant et partiellement, ces débats à plus tard à cause de la pression et des attaques de l'Etat.

On voit qu'une partie des Kurdes se positionne du côté de l'AKP et une autre partie au sein du BDP. Même ces positions donnent des signes des débats potentiels qui auront lieu sur l'identité kurde. Lorsque la négation de l'Etat sera vaincue, les Kurdes qui se positionnent du côté de l'AKP, donc du côté de l'Etat, devront expliquer leurs positions. Mais je pense qu'il y a encore du temps avant que ce débat ait lieu. Lorsque ce sera le cas, l'histoire de « Mehmet le Loup » et de « Mehmet le Kurde » commencera aussi à être plus claire. « Mehmet le Loup » devra expliquer aux Kurdes qui se sont révoltés pourquoi il s'est soumis à Mustafa Kemal, qu'il s'est résigné à devenir le « loup ». Cette explication déterminera, à long terme, la nouvelle définition de l'identité kurde.


Quel est le poids de la religion dans cette identité ?

Il y a une ressemblance intéressante entre la forme de l'organisation sociale des Kurdes et le communautarisme des groupes religieux. De nombreuses communautés religieuses ont pris leurs racines au sein des Kurdes. Les Kurdes ont une certaine organisation sociale basée sur les tribus et les confédérations de tribus. C'est cette organisation qui a évité, selon moi, l'éparpillement rapide des Kurdes face aux attaques de l'Etat. Autrefois, les chefs des tribus étaient également des chefs religieux. Cheikh Saïd, par exemple, est un homme religieux, en même temps qu'il est une figure politique. Mais l'Etat a tenté de soumettre la société kurde en attirant de son côté ou en intimidant à la fois les chefs des tribus et les communautés religieuses. Et il a obtenu un certain succès. Pour cette raison, la révolte actuelle des Kurdes ne pouvait être lancée par un chef de tribu ou un chef religieux. Ainsi, le PKK, qui a vu le jour en tant que mouvement socialiste, s’est rapidement renforcé chez les Kurdes qui sont majoritairement pieux et conservateurs.

Abdullah Öcalan vient d'une famille pauvre. C'est un détail important dans l'histoire de la révolte des Kurdes. Alors que les classes opprimées affluaient vers le PKK comme des papillons qui on vu la lumière, les chefs des tribus ont transformé leurs vassaux en gardiens de villages et se sont placés du côté de l'Etat. Car "les pieds" avaient tenté de devenir la tête. Les premières actions du PKK sont contre les tribus, mais il n'a jamais attaqué les chefs religieux. Car bien qu'il soit un mouvement marxiste, le PKK a été créé en ayant compris la structure conservatrice de la société kurde et n'a pas tenu de discours anti-religion. Avec le PKK, une transformation encore inachevée de l'identité kurde a commencé. Cette transformation sera accélérée lorsque la négation sera terminée. Quel sera l'impact du facteur de la religion dans ce processus ? Il sera déterminé en fonction de l'approche du mouvement kurde. Je pense que, du fait de sa structure, le PKK ne considérera pas la religion comme un facteur déterminant de la reconstruction de l'identité. Mais cela ne signifie pas qu'il l'exclura ou sera en conflit avec les communautés qui se sont alignées sur la même ligne que l'Etat.


Quid des relations avec autrui ? Qui sont les "autres" pour les Kurdes ?

Ça dépend de qui est désigné comme "Autrui". Les Kurdes ont aussi des "Autres". Par exemple, pour une partie des Kurdes, les "autres" sont ceux qui soutiennent le PKK, alors qu'une autre partie voit les partisans de l'Etat comme les "autres". Dans les villes de Hakkari, Sirnak, Cizre, en partie Agri, Van, Mardin, Urfa et Diyarbakir, les "autres" sont les Arabes et les Turcs. Mais il n'y a pas de conflit direct avec ces derniers. De toute façon," l'Autre" n'existe que lorsqu'il y a une souveraineté. Les Kurdes ne sont pas souverains. C'est l'Etat qui domine tous les aspects de la vie quotidienne et les Kurdes sont "les Autres", même sur leurs propres terres.

S'il existe un « Autre » pour les Kurdes, c'est l'Etat lui-même. Ni les Turcs, ni les Arabes, les Arméniens, les Assyriens ou les Alévis. Mais lorsque les Kurdes seront souverains sur leurs terres et s'ils n'atteignent pas une gouvernance démocratique, ils découvriront alors les « Autres ». Le Rojava (le Kurdistan syrien) nous donne, par exemple, des données très importantes à ce sujet. C'est aussi le cas du Kurdistan irakien. Dans les deux parties du Kurdistan, on peut voir que les autorités respectent l'existence d'autres structures ethniques et religieuses. Je pense que les porteurs d'une identité qui a subi l'exclusion ne sont pas très enthousiastes pour créer leurs propres « autruis ». Au Kurdistan irakien et syrien, les Kurdes ont une approche beaucoup plus pacifique envers les structures ethniques et religieuses par rapport à l'attitude de la Turquie, de l'Iran, de l'Irak ou de la Syrie. Du point de vue historique, le PKK, qui a pourtant écarté toutes les autres organisations en dehors de lui, n'a pas la même approche envers les peuples et les croyances. La raison de ceci réside pour moi à la fois dans la structure idéologique du PKK et dans le fait que les Kurdes eux-mêmes soient exclus.


Quelles sont les relations avec les quatre parties du Kurdistan et la notion « d'être de Turquie » ? (Le concept "d'être de Turquie" avait été proposé en 2004 comme un terme à adopter à la place du mot "Turc", qui, au lieu de représenter simplement la citoyenneté de Turquie, avait, à cause des politiques assimilationnistes, pris une connotation ethnique et discriminatoire.)

Le fait d'être « de Turquie » est une situation obligatoire. La principale raison de l'émigration des Kurdes vers les territoires en dehors du Kurdistan est la politique assimilationniste de l'Etat et la pauvreté à laquelle le Kurdistan a été condamné. Surtout à partir des années 1980, l'émigration des paysans kurdes vers l'ouest de la Turquie a été effectuée à l'issue d'une politique d'Etat. Les Kurdes ont été, dès les premières années de la République, forcés ou convaincus d’ « être de Turquie ». A l'issue de toutes ces politiques, les Kurdes sont désormais « de Turquie ». En Irak, en Iran ou en Syrie, ce n'est pas ainsi. Au lieu d'une assimilation, ces pays ont mené une politique d'écrasement direct et ont tenté de vaincre les Kurdes en les emprisonnant dans leurs terres. La politique de la Turquie était, de ce point de vue, un peu plus différente. Pour cette raison, on n'emploie pas les termes « d'être de Syrie, d'Irak ou d'Iran » pour les Kurdes vivant en Syrie et dans les autres pays.

La notion d'être « de Turquie » est en fait l'expression d'un discours qui a été élaboré contre la demande des Kurdes d'un Etat indépendant. Mais le mouvement kurde, avançant sur un autre chemin de libération que l'idée d'un Kurdistan indépendant, sait qu'il doit être « de Turquie ». Ainsi, le fait « d'être de Turquie » devient un facteur déterminant de l'identité kurde. Les Kurdes sont déjà sociologiquement « de Turquie ». Si les Kurdes vivant à l'ouest ne rentrent pas au Kurdistan, il est inévitable pour l'identité kurde de se façonner sur cette acceptation. Tout en gardant leurs couleurs, les Kurdes dessinent les contours de leur identité. Mais les Kurdes ne se contentent pas de devenir « de Turquie », ils veulent également « se kurdistaniser ». Ils veulent développer leurs relations sociales, culturelles, économiques avec les régions du Kurdistan situées à l'intérieur des frontières de l'Irak, de l'Iran et de la Syrie. Pour cela, il faut que l'Etat-nation soit reformaté. C'est ce que Abdullah Öcalan entend lorsqu'il parle du « confédéralisme démocratique ». Bref, le processus actuel de transformation politique et sociale est en train de donner une nouvelle forme à l'identité kurde.


Quels sont les changements qui sont intervenus dans l'identité kurde dans la période actuelle que certains analystes appellent « le post-kémalisme » ?

Je pense que nous ne sommes pas encore passés à l'époque post-kémaliste. Erdoğan dit qu'il a « mit fin à la négation » mais le seul pas concret de ceci est la chaine TRT6, qui ne possède même pas de statut légal et les cursus de langue kurde dans quelques universités. La négation ne peut prendre fin qu'avec la changement de la constitution en faveur des droits des Kurdes, de la corrosion des frontières de l'Etat-nation, en réglant correctement les comptes avec la guerre qui a duré plus de trente ans, en rendant le nom de « Mehmet le Kurde » au « lutteur en chef » qu'on a transformé en « Mehmet le Loup » et en faisant plusieurs autres réformes. Nous n'avons pas encore approché ce stade. L'Etat reste sur la même position depuis cent ans, avec la même mentalité et la même politique. Certains gouvernements ont été obligés de faire certains pas, mais la continuité de la politique d'Etat concernant les Kurdes est toujours la règle. Si ce n'était pas le cas, la préparation d'une nouvelle constitution, la promulgation des certaines lois demandées par le mouvement kurde et plusieurs autres réglementations ne seraient pas rendues aussi difficiles. Je peux même dire ceci : tant que le préfet de Diyarbakir, qui est un fonctionnaire de l'Etat, continue à avoir plus de pouvoirs que le maire élu par le peuple, on ne peut parler d'un processus post-kémaliste.


Comment 1915 et le fait que les Kurdes ont continué à vivre sur les terres où vivaient les Arméniens en majorité ont eu un impact sur la formation de leur identité ?

Les Kurdes qui ont participé au génocide arménien ont rapidement vu qu'ils pourraient subir le même sort. Après l'oppression de la révolte de Cheikh Saïd, certaines élites Kurdes qui ont fui en Syrie ont organisé la révolte d'Agri en faisant une alliance avec les Arméniens et en créant avec eux l'organisation "Hoyboun". L'animosité des Kurdes avec les Arméniens a été courte, tandis que leur amitié a duré longtemps. Pour cette raison, vous ne pouvez pas voir chez les Kurdes une attitude systématique contre les Arméniens. Même s'ils ont eu tendance a oublier ce qui s'est passé juste après le génocide, les Kurdes sont beaucoup plus ouverts à ce sujet que les Turcs. Les raisons de cette situation mérite d'être étudiées. Il me semble que l'orientation, peu de temps après le génocide, de la persécution étatique envers les Kurdes y a joué un rôle. Dans le processus de la participation des Kurdes dans le génocide arménien, deux facteurs ont été déterminants : la peur et la prospérité. Les Kurdes ont été convaincus par le gouvernement d'Istanbul que les Arméniens allaient créer leur Etat et qu'ils allaient opprimer les Kurdes. On leur a aussi annoncé que le « butin » qui resterait après la déportation des Arméniens serait partagé avec eux. Mais juste après le génocide, les Kurdes ont, à leur tour, connu la persécution de l'Etat. L’une des raisons pour laquelle les Kurdes n'ont pas tenté de cacher le génocide arménien doit être cette persécution.


On peut constater que les Kurdes sont à un stade plus avancé par rapport aux Turcs dans le processus de faire face au génocide arménien de 1915. Pouvoir faire face au passé empêche-t-il les dégâts dans l'identité ?

Les Kurdes n'ont pas encore pu faire face à leur passé, mais ils sont beaucoup plus prêts à le faire que les Turcs. Car les Kurdes n'ont pas d'Etat qui pourrait diriger leur perception. De ce point de vue, les Kurdes, même s'ils paraissent prisonniers, sont libres dans leur volonté. Le fait que les Kurdes ont transmis, par le biais de la culture orale, ce qui s'est passé, au lieu de l'occulter, leur a permis d'être plus prêts à reconnaitre le génocide. Alors qu'une partie des Turcs viennent d'apprendre ce que leurs ancêtres ont fait, les Kurdes l'avaient déjà écouté de leurs grands-parents.

En plus, ces derniers savent que leur division et trahison internes ont joué un rôle dans leur malheureux destin et savent qu'ils seront plus forts à partir du moment où ils feront face à cela. Ainsi, ils ne font pas uniquement face au génocide arménien, ils sont en permanence en train de faire face à eux-mêmes. Dans les années 1990, la police et les militaires turcs au Kurdistan tentaient de présenter les membres du PKK comme des « graines d'Arméniens » et faisaient ainsi leur propagande. Même cela suffisait pour que les Kurdes puissent avoir de l'empathie pour les Arméniens.

Un Turc de Yozgat, de Tokat ou de Karaman sait qu'il sera désigné comme « traître » par, d'abord l'Etat, ensuite par son voisin s'il dit que « le génocide arménien a eu lieu ». Il garde pour cette raison le silence. Mais les Kurdes ont depuis longtemps franchi le seuil de la peur lié au fait d'être estampillé comme « traîtres ». Ils ont suffisamment été accusés de traitrise en défendant leurs droits. Cet Etat peut intimider les Turcs avec le discours de trahison, mais les Kurdes ont dépassé ce stade. De ce point de vue, alors que les Turcs et l'Etat sont réticents à faire face au passé pour éviter les dégâts éventuels dans leur identité, les Kurdes sont obligés de faire face au passé pour reconstruire leur identité. 

 

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